Embrassant Olivier d’Ormesson à l’issue du procès de Fouquet, d’Artagnan, capitaine des mousquetaires du Roi, lui dit “ Vous êtes un illustre ».
Et à l’exception d’une partie de l’entourage de Louis XIV, la France entière eût probablement souscrit à cet avis.
Quels qu’aient été les torts de Fouquet, Ormesson avait refusé de céder aux pressions et intimidations du Roi et de Colbert, qui exigeaient la peine capitale pour crime de Lèse-Majesté.
Olivier III d’Ormesson jugeait le châtiment hors de proportion avec la faute.
Lors du récent passé de Fronde, les crimes de malversation, et même de trahison étaient “monnaie-courante” et avaient été souvent amnistiés.
« Sire, la cour rend des arrêts, non des services »
Olivier III d’Ormesson
Désigné Rapporteur au sein de la Chambre de justice chargée de statuer sur le sort de Fouquet, il fallut pas moins de cinq audiences successives à Olivier d’Ormesson pour son exposé. S’opposant au réquisitoire du Procureur général Chamillard, qui demandait la pendaison “jusqu’à ce que mort s’en suive”, Olivier d’Ormesson défendit la confiscation des biens et le bannissement du Royaume à perpétuité.
Les juges le suivirent à 13 contre 9 : Fouquet fut emprisonné à Pignerol.
Et Ormesson contraint par le Roi à se retirer dans son château …
Les archives du procès encore existantes sont toujours conservées au château.
Beaucoup considèrent qu’Olivier III d’Ormesson a posé lors du procès Fouquet le premier acte d’indépendance de la justice. Il eut donc de ce fait une influence décisive sur l’histoire des institutions.
Retiré dans son château, il eut aussi une influence fondatrice sur la tradition culturelle et littéraire à Ormesson. Il y recoit Mme de Sévigné, sa parente, mais aussi de nombreux artistes et écrivains de l’entourage de Fouquet venus lui témoigner de leur gratitude pour sa neutralité méritante : La Fontaine, Racine, Boileau, Bossuet, Turenne, ou encore Le Brun et Bourdaloue. Et enfin Le Nôtre, dont un émule réalisera le jardin d’Ormesson un demi-siècle plus tard.
Olivier III d’Ormesson préfigure ainsi, sans le savoir, les salons littéraires du 18ème siècle !